KOFFI BORIS Madjide
Direction: Elsa MARTIN
Doctorant en économie de l'environnement
Sujet de la thèse: Gestion spatio-temporelle des ressources naturelles: L’exemple du carbone dans le secteur agricole.

Ce thème se situe à l’intersection des enjeux climatiques et agricoles, dans un contexte où de nombreux pays visent la neutralité carbone d’ici 2050 (110 pays exactement selon les Nations Unies)

Le CITEPA a pu mesurer que secteur agricole est responsable de 20 % des émissions de gaz à effet de serre en France. Ce secteur offre aussi des opportunités uniques grâce à la séquestration du carbone dans les sols : en 2002, ce potentiel était évalué par une étude de l’INRA comme représentant de 0,7% à 2% des emissions de 2000. Le Label Bas Carbone vise à encourager et certifier les projets agricoles (et forestiers) réduisant les émissions ou augmentant la séquestration de carbone. Alors qu’une politique uniformisée spatialement et temporellement prendra en compte les spécificités locales des sols (hétérogénéité de la capacité de séquestration et des émissions) et l’évolution des coûts sociaux et des impacts climatiques dans le temps.

La plupart des politiques actuelles sont uniformes spatialement et temporellement : elles ne prenent pas en compte l’hétérogénéité spatiale des sols ni la dynamique temporelle des émissions et de la séquestration.

Or les sols de qualité variable influencent différemment les émissions et le stockage du carbone. Par ailleurs, les émissions de carbone sont immédiates et permanentes alors que la séquestration est souvent temporaire et dépend d’une gestion continue des pratiques agricoles.

Mon projet vise à combler ce vide en intégrant de telles dimensions spatiale et temporelle dans la modélisation et à voir dans quelle mesures les recommandations politiques en sont modifiées.

La méthodologie repose sur des techniques de contrôle optimal. On s’appuiera sur l’article fondateur de Feng, Zhao et Kling (2002) qui proposent un modèle dynamique intégrant simultanément les émissions de carbone et la séquestration dans les sols agricoles. Leur principal résultat montre que les émissions et la séquestration suivent des trajectoires optimales différenciées dans le temps. Une contribution clé de leur étude est d’avoir démontré que, bien que la séquestration puisse jouer un rôle crucial à court terme, elle est temporaire et non permanente. Leur modèle montre que les sols peuvent libérer du carbone après un changement de pratiques agricoles, rendant nécessaire une gestion continue et un cadre politique adapté pour maximiser l’efficacité climatique de ces pratiques.